«Ce n’était pas un danger public, c’était un homme en détresse»

Les soeurs de Ronny Kay, mort sous les balles d’un policier le 17 septembre dernier à L’Île-des-Soeurs, réclament une enquête publique pour comprendre comment un appel de détresse a pu mener au décès de leur frère. Le Devoir a appris qu’avant d’intervenir auprès de l’homme de 38 ans, les policiers avaient été informés que ce dernier avait tenu des propos inquiétants et était en crise.

« Ronny n’était pas un criminel. Ce n’est pas une affaire de gang de rue ou de coup de feu, ce n’était pas un danger public, c’était un homme en détresse », souligne Michelle Kay, l’une des soeurs de Ronny Kay. « On a besoin d’une enquête publique. On a besoin de savoir exactement ce qui s’est passé cette journée-là pour en arriver à ce que mon frère soit tué », renchérit Debola Kay, l’aînée de la famille.

Le 17 septembre, les soeurs Kay ont vu les alertes des médias sur leur cellulaire rapportant un important déploiement policier à L’Île-des-Soeurs à propos d’un homme suicidaire et armé qui se promenait dans la rue. « Notre frère n’était pas une personne suicidaire, il n’était pas dangereux », assure Debola.

C’est que ce samedi devait être une journée comme les autres.

Vers 12 h 30, deux patrouilleurs se sont présentés à l’appartement de Ronny Kay sur la place du Soleil, en plein quartier résidentiel. Deux appels avaient été faits un peu plus tôt au 911. L’ex-copine de Ronny serait passée à l’improviste pour récupérer des meubles alors que le conseiller financier de Desjardins était en télétravail. C’est elle qui aurait d’abord téléphoné à la police, rapportant qu’il refusait de collaborer, un appel qui aurait fait paniquer l’homme au point de contacter son employeur vers 11 h 30. « Soit je me tue, soit la police me tue », aurait-il lancé à sa gestionnaire avant l’arrivée des policiers. Cette dernière a communiqué à son tour avec le 911, inquiète de l’état mental de son employé.

« Mon frère avait peur de la police », raconte Debola Kay. Depuis une intervention musclée survenue en 2011 au domicile familial, l’homme a développé une crainte démesurée des autorités, d’autant plus que cet incident l’a amené à séjourner à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. « Ont-ils tapé le nom de mon frère dans leur système ? Ont-ils vu que ce sont eux qui l’ont amené à Douglas en 2011 ? Est-ce qu’ils ont ignoré ces éléments ? » se questionne-t-elle.

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