Suite-2 : Comité de déontologie policière : Jérôme Babin, matricule 7383, un des quatre constables du SPVM impliqués dans l’intervention policière qui a coûté la vie à Koray Kevin Celik

J’ai assisté à la deuxième journée de procès des constables Jérôme Babin et David Bouffard du SPVM qui s’est tenue aujourd’hui devant le Tribunal administratif de déontologie policière (car c’est le nouveau nom du Comité de déontologie)
En gros, la journée d’audience a été consacrée aux témoignages des agents Babin et Bouffard
Fait à noter, si au moment des faits reprochés les deux policiers patrouillaient ensemble sur le territoire du Poste 21, Babin et Bouffard font aujourd’hui partis de l’escouade ÉCLIPSE réputée pour ses méthodes musclées
Sans grande surprise, Babin et Bouffard ont offert une version différente du plaignant de l’événement du 24 février 2020
Les deux flics disent être intervenus auprès du plaignant, un chauffeur Uber d’origine haïtienne, à la sortie des bars dans le Vieux-Montréal car celui-ci aurait immobilisé son véhicule en oblique, « presque sur le trottoir » selon Bouffard, de façon à bloquer l’unique voie centrale sur la rue Notre-Dame
L’auto-patrouille s’immobilise donc en parallèle du véhicule Uber pour que Babin s’adresse au chauffeur
Babin dit avoir averti le chauffeur qu’il est en infraction et l’avoir invité à plutôt immobiliser son véhicule dans un stationnement situé à quelques mètres de là
Fait à noter, compte tenu que l’auto-patrouille s’est immobilisé en parallèle au véhicule Uber, il est alors physiquement impossible pour le chauffeur de revenir sur l’unique voie libre de la rue Notre-Dame
« Pour le moment, on veut lui parler, on veut pas qu’il quitte », de dire Bouffard
S’ensuit un échange lors duquel le chauffeur dit aux policiers qu’il travaille avec Uber, une affirmation mise en doute par Bouffard
Après « 15 à 20 secondes » d’ostinage, les deux flics sortent de leur auto-patrouille dans l’intention d’intercepter le chauffeur Uber
Les deux flics ont témoigné que le conducteur a alors avancé « brusquement » son véhicule « comme s’il essayait de fuir »
La manœuvre cesse aussitôt après que les flics lui crient d’arrêter
Il y a cependant lieu de se questionner sur la valeur à accorder au témoignage des deux flics quant à l’existence de cette manœuvre
Car, comme l’a souligné la juge du Tribunal administratif, lorsque le véhicule Uber est immobilisé en oblique, il se trouve à être à l’entrée du stationnement où les deux flics lui demandaient justement d’aller s’immobiliser
« S’il continue tout droit, il rentre dans une bâtisse », ajoute même Babin
Dans ces circonstaces, je vois mal comment cette manœuvre – en supposant qu’elle ait vraiment eu lieu – puisse être assimilée à une tentative de fuite
Toujours est-il qu’il n’en faut pas plus pour que Babin sorte de force le chauffeur Uber de son véhicule, en le prenant par le poignet, et ensuite « l’acoter » sur la voiture pour « faciliter le menottage »
À ce moment-là, le motif, pour ne pas dire le prétexte, de l’intervention semble être devenu bien secondaire aux yeux des deux flics
Bouffard se révèle en effet incapable de dire si le véhicule Uber obstrue encore la circulation après l’arrestation de son conducteur
« On a pas remarqués, on est en intervention, dit-il, avant d’ajouter : On as-tu créé de l’obstruction ? Peut-être. »
En fait, ce n’est pas « peut-être »
Car Babin a reconnu avoir dû reculer sa propre auto-patrouille pour laisser passer un camion de pompier roulant sur Notre-Dame direction est
Si les flics ont eux-mêmes fait ce qu’ils reprochent au chauffeur Uber, à savoir obstruer la circulation sur la seule voie libre sur Notre-Dame, alors c’est quoi le vrai motif de l’interception de cet homme racisé ?
Chose certaine, la preuve entendue aujourd’hui jette une ombre pesante sur les intentions qui animaient Babin et Bouffard lorsqu’ils ont décidé de pourrir la vie d’un chauffeur Uber qui n’avait pas la peau blanche
Le procès se poursuit de façon virtuelle demain, à compter 9h, avec les plaidoiries du procureur de la Commissaire à la déontologie policière, Me Henri Dussaut, et de l’avocate des deux flics, Ariane Bergeron St-Onge.

Mise-a-jour : On dispose pas du contenu virtuel.
Le process est maintenant terminé. Il ne reste maintenant plus qu’à attendre la décision de la juge Sylvie Séguin du Tribunal administratif de déontologie policière.

Catégories

Corp policier (SPVM, SQ, GRC, agent de la STM, etc): 

Ville où l'événement s'est produit: 

Type de document: 

dossier: